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Adhémar, Évêque du Puy
(Lithographie de H.Marlet - 1822) |
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Eymar ADHÉMAR DE MONTEIL
Légat du Pape à la 1ère croisade
sous les remparts d'Antioche
Né au manoir féodal de Grignan, Aymar Adhémar de Monteil, futur évêque du Puy, était le second des trois fils de Giraud-Hugues (fondateur en 4045 du premier monastère d'Aiguebelle) qui fut, avec sa femme Marthe de Toulouse, le premier baron Adhémar de Monteil à fixer sa résidence à Grignan. Légat du Pape à la première croisade, il mourut de la peste au siège d'Antioche le 3 juin 1099. Il est l'auteur du Salve Regine et c'est Saint Bernard qui y ajouta les trois dernières invocations. Toutes les communautés catholiques chantent cet Ave, avecune ferveur toute spéciale à Aiguebelle, et on peut l'entendre sur Lto le soir à la fin des vêpres retransmises depuis Notre-Dame.
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La Sainte Lance
Les hommes en manteau blanc, portant la croix de sang, furent témoins d'un prodige si l'on en croit les chroniques de l'époque : l'apparition miraculeuse de la Sainte Lance au moment où la chevalerie chrétienne désespérait sous les remparts d'Antioche. La lance du centurion qui perça le flanc de Jésus et fit jaillir le salut (...) Un prieur du chapitre de la cathédrale du Puy, Raymond d'Aiguilhe, décrit le combat d'Antioche et l'apparition de la Lance :
" Dans Antioche, les croisés trouvèrent l'angoisse, car ils furent bientôt assiégés par une armée perse venue au secours des Turcs. Et ce fut à nouveau la famine et le désarroi. Les soldats désertaient, d'autres se rendaient et les princes eux-mêmes envisageaient de regagner la France. Le ciel enfin montra par un miracle où allait son soutien. Un pauvre prêtre du Puy-en-Velay, qui avait suivi les chevaliers en Palestine - il s'appelait Pierre Barthélemy - demande audience au Comte de St-Gilles et à Adhémar de Monteil, Évêque du Puy. Il campait en dehors de la ville et avait eu un songe. Il leur parla ainsi : Deux hommes revêtus d'habits étincelants me sont, la nuit, apparus. L'un me dit : Je suis l'Apôtre André. Viens, je te montrerai la lance de notre père Jésus-Christ que tu donneras au Comte... Alors, j'ai suivi l'apôtre dans la ville. Nous sommes entrés dans l'Église Saint Pierre dont les sarrazins ont fait une mosquée, et l'apôtre, parvenue près de l'autel, est descendu sur terre, puis en a remonté la lance. Voici, me dit-il, la lance qui a percé le flanc d'où est sorti me salut du monde entier. Vas et et dis au Comte de venir ici, et tu chercheras la lance en ce lieu d'où je l'ai retirée et où je vais la renfermer. Et lorsqu'il l'aura recouvrée, la victoire lui sera acquise. Et l'apôtre me ramena dans mon campement.
Le Comte, ému de ce récit, se rendit au vœu du prêtre et fit rechercher la lance. Douze hommes s'y employèrent et enfin on la retrouva. La nouvelle en est aussitôt proclamée; la foi des Croisés est émerveillée, leur courage raffermi et tous demandent le combat. Il eut lieu le 20 juin. Les soldats se confessèrent, assistèrent à la messe et se rendirent à leurs quartiers. Douze bataillons furent constitués, dont Adhémar commandait le cinquième, portant la Sainte Lance qu'aucun des barons n'avait voulu prendre de peur de la briser. Et l'armée sortit de la ville. Splendide et fanrtastique vision ! L'un après l'autre, les bataillons apparaissent à toutes les portes de la ville, chacun précédé de ses porteurs d'oriflamme et de ses officiers à cheval, et en tête le prince qui les commande. Voici le Duc Godefroy et puis les barons et les chevaliers aux cuisses étincelantes, armés de la lance, de l'épée et du bouclier de cuir... Et voici Adhémar de Monteil, Évêque du Puy dans son costume de guerre, son étole jetée sur les armes, bien campé sur son destrier, et derrière lui les prêtres revêtus de leurs habits sacerdotaux. Et enfin l'armée, immense armée des soldats qui rejoignent leurs chefs et prennent position devant les murailles.
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Et puis la plus émouvante cohorte, celle des femmes des chevaliers, qui ont voulu servir aussi, et mourir s'il le faut. Enfin l'heure du combat est venue. L'Évêque du Puy lance une ultime exhortation et les armées avancent dans la plaine. L'affrontement est terrible. La mort fauche autour d'elle, et le duc Godefroy ne dut son salut qu'à l'intervention de ses barons. Mais tous, soutenus par leur foi, offrent leur vie pour le Christ. Les femmes elles-mêmes assaillent les Turcs avec des pierres et apportent de l'eau aux combattants assoiffés. Pendant longtemps le combat fut indécis, mais c'est enfin la victoire des Croisés. Alors, au soir du combat, s'éleva dans le silence la voix d'adhémar de Monteil, voix inspirée qui rendait à la croisade son sens et sa juste valeur : " Ce n'est pas vous qui avez défait les Turcs, mais le glorieux Jésus, seul, par ses saintes bontés. " Les soldats du Christ avaient offert leur vie pour leur divin Maître, mais une telle cause exigeait plus encore, et c'est leur victoire même qu'ils offraient, suprême dépouillement à l'image et au service de Celui qui s'était dépouillé pour eux jusqu'à la mort sur la Croix. Tout au long de la bataille l'évêque du Puy s'était efforcé de protéger ses hommes et il n'avait pas eu de blessés sinon le vicomte de Polignac qui, généreusement, avait voulu combattre au premier rang et qui avait reçu une flèche au visage, blessure dont il devait mourir quelques jours plus tard, le 28 juin. La clameur victorieuse et humble du chef de guerre rappelle la devise des Templiers en Palestine, dont l'esprit est déjà là, tout vibrant, dans la fureur sainte et la fureur du miracle : Non pour nous, Seigneur, non pour nous, mais pour la gloire de Ton Nom !
Atteindre le Temple de Jérusalem n'était pas seulement une victoire sur les infidèles qui contrôlaient les routes d'accès à la ville sainte et occupaient les lieux saints du christianisme, mais le besoin d'atteindre la Jérusalem Céleste, la cité surnaturelle, dans ce monde et hors du monde, dont il est dit dans l'Apocalyse de St-Jean : la place de la ville était d'or pur, comme du verre,
Je ne vis point de temple dans la ville; car le Seigneur Dieu tout puissant est son temple, ainsi que l'agneau. La ville n'a besoin ni du soleil ni de la lune pour l'éclairer; car la gloire de Dieu l'éclaire, et l'agneau est son flambeau. Les nations marcheront à sa lumière, et les rois de la terre y apporteront leur gloire. Ses portes ne se fermeront point le jour, car là il n'y aura point de nuit. On y apportera la gloire et l'honneur des nations. Il n'entrera chez elle rien de souillé, ni personne qui se livre à l'abomination et au mensonge; il n'entrera que ceux qui sont écrits dans le livre de vie de l'agneau. Les élus du Livre de l'Agneau constituent la première milice du Christ, la communauté du Graal, à l'image des apôtres réunis autour de la Table du sacrifice : vous ferez cela en mémoire de moi - comme le feront les chevaliers d'Arthur groupés en confrérie autour de la Table Ronde. Longtemps après... mais le temps compte-t-il lorsqu'il préside à l'espace ? La Lance, l'axis mundi, est au centre de la coupe que le sang unit, pour l'éternité, perpétuellement renouvelé, regénéré par cet acte d'amour, de vie.
En 1909, Adolf Hitler la découvrit, dans la salle des trésors des Habsbourg au Schatzkammer, sous le nom de Heilige Lance. Elle devint pour lui le pont entre le monde des sens et celui de l'esprit (Geistliche Welt). Après l'absortion del'Autriche, Hitler fit transporter le trésor, dont la lance, de Vienne à Nüremberg où les admirateurs se pressèrent. Avec la menace des bombardements, la lance fut soustraite à la vue du public et, après de rocambolesques aventures, à la fin de la guerre réintégra Vienne au Weltliche Schatzkammer du Hofburg.
Cf : LA LANCE DU DESTIN (Trévor Ravenscroft)
Parallèlement à d'autres reliques de la Passion, la Sainte Lance censée avoir percé le côté du Christ,
est exposée plusieurs fois par an à Saint Pierre de Rome. Elle aurait été offerte au Pape Memhet II, vainqueur de Constantinople.
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ARMOIRIES du chapitre collégial de l'église Saint-Sauveur de Grignan |
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Grâce aux efforts du baron Louis Adhémar de Monteil, le chapitre, primitivement fondé par son père Gaucher dans l'église Saint Jean l'Évangéliste en 1512, fut constitué en tous points dans la nouvelle église Saint-Sauveur en 1543. Ses armoiries peuvent se blasonner ainsi : Parti de gueules à la croix de calvaire d'or, terrassée de sinople, et parti d'azur à trois bandes d'or qui est des Adhémar, fondateurs du chapitre.
On voit ces armoiries, dessinées à l'encre sur la couverture en parchemin d'un gros volume contenant la copie des titres authentiques du chapitre, depuis 1608 à 1744, dans les archives notariales de Grignan. Ces mêmes armoiries sont peintes à l'huile sur un grand tableau qui orne le maître-autel de l'église de Grillon (Vaucluse). Ce tableau représente Sainte Agathe à la porte d'une prison; il fut probablement donné au prieuré de cette paroisse dépendant du chapitre de Grignan.
Ci-contre : lesdites armoiries extraites d'un fac-similé d'un page du premier volume du Mémorial de la paroisse Saint Sauveur,
écrit - et ici illustré - par l'inlassable rat d'archives que fut le savant abbé Fillet.
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Droit d'enregistrement pour l'abonnement des armoiries
Nous Messire Joseph Marie SERRATORIS prebtre chanoine et sindic du vénérable chapitre St Sauveur de ce lieu de Grignan et sieurs Louis GACHON et Augustin JAMIER consuls modernes dud. Grignan tant pour lad. communauté que pour celles de Montségur, Sales, Reoville, Allan, Chantemerle et Colonzelles d'une part, et Mre André BROQUIER commis par Me Jean Bapte Nicolas Léon d'ESTUREAUX, receveur des enregistrements des armoiries de la Senechaussée d'Arles d'autres, sommes convenus que pour tous les droits d'enregistrment des armoiries de l'église collégiale de Grignan et de tous les particuliers, nobles officiers bourgeois et autres dud. Grignan, Allan, Collonzelles, Montsegur, Chantemerle, Sales et Reoville, comme aussi des prieurs, vicaires et aultres pretres et des communautés et maisons desd. lieux, à la réserve de celles de Grignan comme encore pour les armoiries des confréries, hôpitaux et généralement pour toute sorte de droits prétendus es dits lieu (...) de l'édit concernant les armoiries à la réserve seulement de celle de la maison commune dud. Grignan comme il est cy dessus et celle de lad. église collégiale en corps, il sera payé dans le temps et terme de quatre mois du jourd'huy comptable entre les mains du Sr LION en la ville d'Arles comme principal au recouvrement desd. armoiries au département dud. Arles la somme de qutre cents livres ce tant pour le principal que deux sols pour livre de frais d'enregistrement pour jouir du bénéfice dud. edit.
Fait en double à Grignan ce vingt un octobre mil six cent quatre vingt dix sept.
Signé : SERRATORIS chant. et sindic du chapitre, GACHON consul et JAMIER consul, BROQUIER.
Source : Archives de M. Léopold Faure, alors propriétaire du château, dont la copie a été couchée par l'abbé Nadal dans le Mémorial de la paroisse de Grignan.
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